En fait ce voyage avait commencé en août 1993 lorsque je suis allé à Marrakech à vélo…
Ce qui fut jusqu’à aujourd’hui mon plus long périple m’avait alors donné l’envie d’aller plus loin, de pousser plus au Sud. Cette envie se conforta lorsqu’en 1999 je «publiai» les ‘Mémoires de PJ’, les mémoires de mon beau-père Jean, que je fus le premier à découvrir puisqu’il m’en avait confié l’édition. Ce texte passionnant et les superbes photos n/b qu’il me confia alors afin que je les numérise et les insère dans son texte renforcèrent mon intérêt et mon attirance pour le Maroc et le sud marocain ainsi que la Mauritanie où Jean avait travaillé comme ‘météo’ entre 1947 et 1956. Ma décision était donc prise, dès que j’en aurais le temps j’irais à Dakar à vélo. Et comme j’aime vivre mes projets en rêve et par anticipation, je me voyais déjà descendre le Maroc le long de la côte jusqu’à Tan-Tan et Laâyoune, entrer en Mauritanie, Atar, Chinguetti et sa bibliothèque, plus que 950kms jusqu’à Dakar par Nouakchott… J’étais bien conscient de ce qu’il me faudrait attendre d’être à la retraite… Peu importe, le rêve me tient éveillé.
Et en décembre 2007, il s’effondre, avec la vie de quatre touristes français assassinés en Mauritanie par la branche al Qaida du Magreb, dit-on.
Courageux mais pas téméraire, je décidai alors de me délocaliser. Mais où ? Quelques jours avant que les ‘cinq cents blaireaux du Dakar’ n’aient l’idée d’aller polluer l’Amérique du Sud, je me décide pour la Cordillère des Andes. Ce sera très différent des dunes de Mauritanie mais grandiose aussi.
En 2009 et 2010, je peaufine mon projet et mon itinéraire, reprends un peu l’entraînement, il le faut car les quelques kilomètres l’été autour de Maubuisson ou sur l’île de Ré risqueraient de ne pas suffire pour grimper avec mon fidèle Archibald III (le troisième de la dynastie, vous l’aviez compris) sur l’Altiplano et passer quelques cols de 4800 mètres. Car tel finit par être mon projet après diverses moutures dont la première fut Buenos Aires-Santiago par la Ruta 7. Projet finalement abandonné lorsqu’au détour d’un forum où je glanais des renseignements un Argentin attentionné et soucieux de ma santé me répondit «Un beau projet si tu veux mourir», faisant ainsi allusion à l’intense circulation qui règne sur cet axe majeur de transit entre Argentine et Chili ainsi qu’entre les deux océans qui les bordent. Toujours le sens de l’exagération ces Latins… mais bon, si d’Est en Ouest ça ne va pas, ce sera du Sud vers le Nord.
Un peu mégalo sur les bords et pas mal inconscient au milieu, je prévois un itinéraire Mendoza (Argentine, au pied(s) de la Cordillère) - Lima. Varié donc, du sec et de l’humide. Puis, au fil des mois, je m’aperçois que pour intéressant, riche et splendide que soit cet itinéraire, il aurait quand même l’inconvénient de me faire passer trop rapidement à côté de très belles choses à moins de partir pour de longs mois. Ce que j’exclue. Trois mois maxi.
Je révise donc la distance à la baisse et comme les grands cols me tentent vraiment beaucoup, j’en parsème mon itinéraire que je mets sur deux forums, l’un francophone l’autre germanophone afin de recueillir des avis.
Mon intention, ferme mais finalement pas définitive…, était de partir seul, bien décidé à voyager, pédaler, dormir à mon rythme. Ce projet solitaire n’était pas pour enthousiasmer ma douce et tendre, quelque peu inquiète à l’idée de me savoir seul dans ces contrées lointaines. Je suis contacté courant décembre 2010 par un Suisse qui avait trouvé le descriptif de mon itinéraire sur le forum germanophone et me demande s'il pourrait se joindre à moi. Ce n'était donc pas du tout mon projet et je n'étais pas vraiment enthousiaste, mais Sylvie pense que ce serait une très bonne idée et que cela présenterait de gros avantages, en particulier pour ce qui est de la sécurité. Bon, pourquoi pas, mais faudrait quand même en savoir un peu plus sur ce Suisse, prénommé Jürg… Je le contacte donc par téléphone et le courant passe tout de suite. Il semble hyper sympa, c’est bon, ok, nous entendons sur le modus vivendi, chacun doit être totalement autonome au cas où nous nous séparerions pour quelque raison que ce soit, matérielle, santé…. Au deuxième coup de fil, nous nous entendons sur les dates. Mon billet étant déjà pris depuis un mois et demie, arrivée le 31 janvier à Mendoza, Jürg prend un vol le plus proche de cette date, il arrivera le 2 février. (Toutes les photos ont été réalisées avec un iPhone 4 sauf celles qui comportent, dans leur légende (entre parenthèses) ou bien en bas à droite (sans parenthèses), l’indication «O» = réalisées avec mon bridge Olympus SP 560 UZ, ou bien l’indication «J» = réalisées avec le reflex Canon EOS 500D de Jürg)